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07 Dec

Norman Rockwell, The Problem We all Live With

Présentation

"The Problem We All Live With" (en français : Notre problème à tous) est l’un des tableaux les plus connus de l'artiste américain Norman Rockwell. Il a été peint en 1964. C'est une huile sur toile mesurant 91 cm x 150 cm. Il est exposé au Norman Rockwell Museum (Stockbridge, Massachusetts, États-Unis).

Ce tableau montre Ruby Bridges, une jeune fille afro-américaine, escortée par des marshals fédéraux en 1960 pour intégrer une école publique de la Nouvelle-Orléans, suite à la déségrégation scolaire imposée par la Cour suprême.
Créée pendant la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, l’œuvre est publiée en 1964 dans Look Magazine. Elle critique la ségrégation raciale et incarne l’espoir et le courage face à l’injustice.
Rockwell met en lumière l'innocence de l'enfance opposée au racisme, offrant une critique poignante des préjugés.

Biographie de Norman Rockwell

Norman Rockwell (1894-1978) était un peintre et illustrateur américain célèbre pour ses représentations idéalisées de la vie quotidienne aux États-Unis. Né à New York, il montra très jeune un talent pour le dessin et étudia à l’Art Students League.

Il est surtout connu pour ses couvertures du magazine The Saturday Evening Post, pour lesquelles il réalisa plus de 300 illustrations entre 1916 et 1963. Ses œuvres, souvent nostalgiques, mettent en scène des scènes de famille, des moments simples et des valeurs américaines.

Dans les années 1960, Rockwell aborda des sujets plus engagés, comme les droits civiques. Son style réaliste, empreint d’émotion et de détails, a marqué l’histoire de l’art populaire américain.

Contexte historique

Ce tableau a été peint pendant la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Pendant longtemps, les lois dans le Sud des États-Unis étaient injustes : les personnes noires n'avaient pas les mêmes droits que les personnes blanches. Par exemple, elles devaient aller dans des écoles séparées, ne pouvaient pas s’asseoir aux mêmes endroits dans les bus, et n’avaient pas le droit de voter dans certains États.

Dans les années 1950 et 1960, des personnes comme Martin Luther King ou Rosa Parks ont dit "Stop !". Ils ont organisé des marches, des discours, et des actions pacifiques pour montrer que ces lois étaient injustes. Grâce à leur courage, des lois ont été changées, comme celle qui a mis fin à la ségrégation (séparation entre Blancs et Noirs) dans les lieux publics, notamment les écoles du Sud du pays. En 1964, toutes formes de ségrégations et de discriminations reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe ou l’origine nationale sont définitivement abolies.

Contexte artistique

Norman Rockwell est principalement rattaché au courant artistique du réalisme et plus spécifiquement à une forme de réalisme américain populaire. Son travail s'inscrit aussi dans le mouvement des illustrateurs narratifs du XXe siècle.

Rockwell a un style très détaillé et réaliste, représentant fidèlement des scènes de la vie quotidienne. Il s'appuie souvent sur des photographies. Ses œuvres racontent des histoires accessibles et émouvantes, souvent pleines d'humour ou de nostalgie. Il s’adresse au grand public, notamment à travers ses illustrations pour des magazines américains. Contrairement aux artistes modernes de son époque, Rockwell ne s’inscrit pas dans les mouvements d'avant-garde comme l’expressionnisme abstrait.

Norman Rockwell, Before the Shot, 1958, Norman Rockwell Museum : 

Une oeuvre de l'expressionnisme abstrait : Jackson Pollock, Number 17, 1949 : 

A partir des années 1930, Norman Rockwell a utilisé la photographie pour créer ses tableaux.
Avant de passer à la photographie, Rockwell composait déjà ses œuvres à travers des croquis détaillés. Il réfléchissait à la narration visuelle, la composition et les expressions des personnages. Ces croquis préliminaires servaient de guide pour organiser ensuite les séances photo.

Rockwell choisissait ses modèles parmi ses voisins, amis et même des membres de sa famille. Il sélectionnait des individus ordinaires capables de capturer l'authenticité et l'émotion requises pour la scène.

Il organisait les séances photo avec une précision extrême. Chaque détail était soigneusement arrangé, des costumes aux accessoires, en passant par l'éclairage. Les poses, les expressions des visages et les interactions entre les modèles étaient dirigées pour transmettre l’histoire qu’il voulait raconter.

Rockwell ne se limitait pas à une seule photographie. Il combinait plusieurs images pour créer une composition finale. Par exemple, il pouvait utiliser une photo pour une posture, une autre pour un décor, et une troisième pour les expressions. Une fois les photos prises, il les analysait minutieusement et parfois découpait ou superposait des parties d'images pour assembler un collage de référence.

La photographie lui permettait de travailler plus efficacement sur des œuvres complexes sans avoir besoin de faire poser ses modèles pendant de longues périodes.

Bien que son utilisation de la photographie ait permis une plus grande précision, certains critiques ont vu cette pratique comme un manque de spontanéité ou d'imagination purement artistique. 

Description et analyse

Le tableau est une huile sur toile qui mesure 91,4 × 147,3 cm. Le format est horizontal.

L'action se déroule en extérieur, dans une rue de La Nouvelle-Orléans en Louisiane. On peut distinguer deux plans : au premier plan, le trottoir et les personnages : à l'arrière plan, un mur.

L'oeuvre représente Ruby Bridges, une jeune Afro-Américaine, alors âgée de six ans, qui se rend dans une école fréquentée uniquement par des enfants blancs, le 14 novembre 1960, lors du processus de déségrégation des Noirs et des Blancs. Elle est représentée de profil, en train de marcher. Elle ne se trouve pas au centre, mais légèrement à gauche. Elle porte une robe blanche qui attire la lumière et fait contraste avec la couleur de sa peau. Le blanc symbolise la pureté, la paix et l'innocence. Dans sa main gauche, elle tient des affaires d'école (cahiers, règle). Sa petite taille souligne sa fragilité et contraste avec la grandeur des marshals. Malgré les insultes et les violences, elle reste digne et déterminée à aller à l'école.

À cause des menaces proférées à son égard, elle est escortée par quatre adjoints du marshal chargés de sa protection ; leurs costumes sont dans les mêmes tons (brun, gris, beige). La peinture est cadrée de sorte que les corps des représentants de l'autorité soient coupés aux épaules et, donc, que leurs visages n'apparaissent pas. Cela met en valeur Ruby Bridges, qui est le personnage principal de l'oeuvre.

Sur le mur en arrière-plan apparaît le mot « Nigger » (« Nègre » en français) — une violente injure raciale — ainsi que l’inscription « KKK », sigle du Ku Klux Klan. Le Ku Klux Klan était une organisation raciste qui persécutait les Afro-Américains. Une tomate écrasée sur le mur est également visible. Le rouge est la couleur du sang, de la violence et de la colère. La foule qui assiste à la scène n'est pas représentée, le point de vue adopté par le peintre étant le sien.

Plusieurs lignes structurent le tableau : des lignes horizontales sur le mur, des lignes obliques qui introduisent une certaine profondeur, sur le trottoir.  La petite fille semble impassible à la violence qui l’entoure. Elle est dans son droit : la couleur jaune représente la loi : les badges et les brassards des agents, la règle de la petite fille + le papier dans la poche de l’agent qui est peut-être le document officiel qui autorise Ruby à aller dans une école blanche. Les cinq personnages marchent vers la gauche, c'est-à-dire vers l’Ouest qui symbolise un avenir meilleur pour les américains (la conquête de l’Ouest pour les pionniers, espoir de s’y installer pour y vivre une vie meilleure.) Ruby passe une ligne sur le trottoir : passage symbolique vers une nouvelle ère.

Photographie : Ruby Bridges sort de son école escortée par des agents du maintien de l'ordre : cette scène est l'inspiration directe de Rockwell.

Arts, Etats, pouvoir

Norman Rockwell s'est engagé pour lutter contre les discriminations racistes. Il a mis sa popularité au service de cette cause. 

Le peintre utilise son œuvre pour critiquer le racisme institutionnalisé et les résistances à la déségrégation scolaire imposée par l’État fédéral aux États-Unis. En adoptant une approche réaliste et émotionnelle, il sensibilise le public à une problématique complexe : le contraste entre l’innocence de l’enfant et la haine raciale ambiante souligne l’absurdité du racisme.
L’État fédéral est directement représenté dans l’œuvre par les agents escortant Ruby. Ils symbolisent l’autorité qui impose la loi de déségrégation, malgré les résistances locales. Rockwell montre ainsi le conflit entre deux niveaux de pouvoir : l’État fédéral, qui défend l’égalité et les droits civiques. Les autorités locales et les citoyens ségrégationnistes, opposés à cette égalité.

Publiée en 1964 dans Look Magazine, une publication populaire, l’œuvre montre comment l’art peut influencer l’opinion publique en exposant des réalités sociales difficiles. En créant une image accessible mais puissante, Rockwell s’adresse à un large public, utilisant les médias comme vecteur pour provoquer une prise de conscience et un changement social.

Mais l’œuvre dépasse le contexte spécifique des États-Unis pour poser une question universelle : quel est le rôle de l’État dans la défense des droits fondamentaux ? Elle invite à réfléchir à l’usage du pouvoir pour garantir la justice, tout en soulignant la fragilité de cette mission face aux préjugés sociaux.

Sitographie

Notre problème à tous — Wikipédia

- https://etab.ac-poitiers.fr/coll-champdeniers/IMG/pdf/hda_doc.pdf 

- https://collegedesflandres.etab.ac-lille.fr/HIDA/3HDA-Ang-PWALW.pdf 
 

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